Rairies Montrieux : entre ancestralité et innovation

Le fabricant français de terre cuite a effectué une série d’investissements et est venu, pour la première fois depuis dix ans, présenter ses nouveautés au salon Batimat. Son dirigeant Rémy Montrieux explique la stratégie de cette entreprise incontournable du secteur

Rairies Montrieux est indissociable de l’essor de la terre cuite dans les années 70. Après cet âge d’or, l’entreprise a su faire évoluer son positionnement et reste, aujourd’hui encore, un incontournable du marché. « Nous avons opéré notre mue il y a une dizaine d’années maintenant, souligne le gérant. Notre activité s’est davantage tournée vers la production de revêtements pour façades ainsi que des carreaux émaillés. » Suivent aussi les produits de décoration extérieure. Pour l’heure, l’entreprise réalise principalement des produits pour façades. Mais peu à peu, le marché de la décoration d’intérieur revient à la terre cuite notamment dans les cuisines et salle de bains. « Nous lui avons donc entièrement dédié un catalogue mais ce marché mettra beaucoup de temps à renaître. La démarche repose essentiellement sur le travail des architectes d’intérieur. Désormais, le particulier n’est plus le prescripteur. » Aujourd’hui, l’entreprise livre partout en France mais ses régions phares sont la Normandie, Bordeaux, Paris et l’Anjou. 10 % de son chiffre d’affaires est réalisé à l’export notamment en Australie. « Nous avons des contacts dans plus d’une vingtaine de pays. Nous allons donc nous développer à l’export dans les années à venir. » L’entreprise située dans le Val de Loire a été fondée en 1910 par Ernest et Victor Montrieux. Son usine emploie aujourd’hui 85 personnes. L’équipe de son magasin parisien, installé sous le Viaduc des Arts, est constituée de six personnes : deux commerciaux déployés sur l’ensemble de la région parisienne, un prescripteur, un directeur produit et deux personnes au service de la clientèle. « Cette ouverture parisienne est une super expérience pour nous ! Elle nous permet de toucher un secteur plus large puisque 20 % des chantiers de province sont confiés à des architectes parisiens. » Ensuite, plusieurs localités ont les faveurs de l’entreprise pour leur urbanisme local sollicitant la terre cuite comme la Normandie ou Montrouge.

Rairies Montrieux réalise principalement des façades qui jouent un rôle important en matière d’urbanisme.

 

Se positionner sur les tendances

Aujourd’hui, la maison vise tout particulièrement les prescripteurs que sont les architectes. Elle s’est pour cette raison installée dans le quartier de Daumesnil à Paris (XIIe). « Ce magasin est le poumon de l’entreprise, livre Rémy Montrieux. Il nous permet de toucher entre cinq et six architectes par jour. Ce qui est beaucoup ! » Les aspirations des architectes dictent pour grande partie les évolutions des produits. « En matière d’urbanisme, les façades jouent un rôle esthétique important. Celles-ci sont un peu la signature des architectes qui cherchent donc à innover. » Une saine émulation qui pousse Rairies Montrieux à la créativité. « Nous avons développé des couleurs de cette manière. Ainsi ces chantiers d’architectes sont la vitrine de notre savoir-faire. » Cette étroite collaboration vient d’ailleurs d’être consacrée par le nouveau catalogue dédié à la façade : « Baptisé Rencontres Architecturales, il évoque la rencontre entre l’architecte et notre savoir-faire. Ce sont les architectes qui nous ont lancés sur le marché des métallisés et des translucides. Ils nous font évoluer. » Plus intemporelle que la céramique, la terre cuite ne propose pas de collection au rythme effréné que connaissent les fabricants de carrelage. « Pour autant, nous proposerons des pastels et des formes nouvelles, explique notre interlocuteur. Seront aussi mis en avant les produits de récupération. Ce sera notamment le cas de l’architecte Gaëtan Engasser, qui va réaliser un immeuble en plaquettes et briques de récupération. » Pour faire évoluer ses produits Rairies Montrieux a misé sur deux nouvelles techniques : l’engobe et l’émail. « Celles-ci permettent d’obtenir des effets de couleurs, terreux ou brillants, qu’on ne savait pas faire il y a 10 ans. » Pour cela, le fabricant a joué sur les ajouts de chromite et d’oxyde de fer. Le côté nature et authentique du produit séduit particulièrement le marché actuel. Autre grande tendance sur laquelle le fabricant se positionne : les formes. « Les formats début XXe reviennent sur le devant de la scène, souligne le dirigeant. L’hexagonal notamment est très sollicité sur les paliers d’immeubles parisiens. »

Des atouts pour aujourd’hui

Par ses nombreux atouts, la terre cuite a de quoi séduire le marché actuel. D’abord, la briqueterie s’inscrit dans une démarche de développement durable dans la mesure où elle utilise la matière disponible sur place. Issue de matières premières « naturelles et abondantes », la terre cuite a donc un potentiel ecofriendly non négligeable. Le fabricant exploite ainsi 15 000 tonnes d’argile par an. Soit l’équivalent de 20 000 m². « Ces carrières sont ensuite reconverties en plan d’eau et lieu de loisirs très appréciés dans la région qui a longtemps vécu de la briqueterie. » Vieille de plus de 4 000 ans, la terre cuite est aussi le plus ancien matériau de construction connu. Il offre par ailleurs de nombreuses possibilités créatives à la fois intemporelles et innovantes. « Nos produits font aussi preuve d’excellence ! En effet, on peut tout faire avec ce produit. Y compris le poser avec du chauffage au sol puisqu’il fait preuve d’une excellente conductivité thermique, défend le dirigeant. Son inertie permet de restituer la chaleur de façon harmonieuse. »

Des investissements dynamiques

Un million d’euros est investi chaque année dans l’entreprise qui réalise une moyenne de 300 chantiers par an. Cette année, Rairies Montrieux a notamment fait l’acquisition d’un four de 10 m3 qui lui a permis d’augmenter ses capacités de production de 25 %. Elle a aussi investi sur une chaîne de robotisation composée de sept robots. Elle devrait également se mettre au photovoltaïque d’ici la fin d’année. Par chance, sa production n’est que peu impactée par la crise actuelle des énergies. « Nous avons de bons contrats pour le gaz. Nous utilisons trois types de cuisson : le gaz, le bois et l’électricité. Le gaz représente 60 %. Pour le reste, nous subissons des augmentations comme tout le monde d’environ 7 %. » Un impact minime dans le contexte actuel.

L’entreprise a fait l’acquisition d’un four de 10 m3 qui lui a permis d’augmenter sa production de 25 %.

 

Inscrivez-vous à la newsletter
gratuite de Référence Carrelage.